Parus dans « le journal des Pierrus n°3 octobre 1996
Les bassins et lavoirs d’Arvillard sont pour la plupart très anciens, bien que nous n’ayons pas en mairie d’archives antérieures au XIXeme siècle.
C’est dans la deuxième partie de ce siècle que les municipalités successives investissent des sommes importantes dans la réalisation de travaux d’entretien, d’amélioration et de construction de fontaines, citernes, lavoirs et réservoirs.
Elles participent ainsi au progrès général en apportant plus de confort et de bien être à la population. Elles font œuvre durable et nous lèguent des lieux charmants et pleins de souvenirs.
En mai 1868, délibération du Conseil Municipal qui vote à nouveau une somme de 1 200 F pour exécution dans les plus brefs délais des travaux déjà votés en 1866 mais non réalisés (il s’agissait de la construction du lavoir public du Layat).
En juillet 1870, le maire Louis Champiot demande au Préfet l’autorisation d’acheter le terrain où sera construit le lavoir public (29,48 m2 au prix total de 40 F).
En août 1873, le maire Laurent Mugnier fils, expose au Conseil municipal que le centre du village est dépourvu de lavoir public et de réservoir d’eau en cas d’incendie. Il propose d’en établir un au Layat, emplacement désigné comme le plus convenable » attendu qu’il se trouve au centre du village principal qui a une population agglomérée de 820 habitants » (au dénombrement de 1871, la population totale d’Arvillard était de 1252 habitants). Ce lavoir serait construit un peu plus grand et servirait en même temps de réservoir en cas d’incendie.
Le Conseil municipal adopte le projet à l’unanimité, ainsi que la proposition de Mme Veuve Louaraz qui envisage de céder gratuitement à la commune toutes les eaux du réservoir qu’elle a dans son jardin, qui est alimenté par les eaux du trop plein de la fontaine publique. Cette fontaine est celle qui se situe actuellement dans un angle de la Place Saint Roch.
La propriété Louaraz est devenue propriété Thiabaud en 1886, Emery en 1941, puis Jeannolin. En 1960 l’actuelle Place Saint Roch a été réalisée sur une partie de cette propriété.
En 1873 également, le Maire signe une convention d’entretien des fontaines, et de leur réparation, avec les sieurs Chevallier Etienne François et Champiot-Bayard Pierre, tous deux maçons à Arvillard.
En août 1878, le conseil fait approuver par le Préfet les plans et devis de construction du lavoir et réservoir du Layat. Le devis est de 2 669,29 F. L’adjudication en est donnée au sieur Chevallier, il aura fallu plus de 10 ans pour réaliser le projet. En 1881, le Conseil approuve la réception définitive des travaux dont le montant s’élève à 4 300,31 F, et note que « si la somme dépasse celle prévue, c’est le fait de travaux imprévus omis au devis, mais reconnus nécessaires, dans le cours de l’exécution ». Toutefois les travaux ne sont pas encore réglés au maçon, à l’exception d’un acompte de 1 500 F.
En mai 1881 également, le Maire, qui est toujours Laurent Mugnier fils, fait approuver par le Conseil un devis de 847,84 F pour la construction de toits sur toutes les fontaines et lavoirs. Le Préfet donne son approbation ainsi que l’autorisation de mettre en adjudication une coupe de bois dont le montant est destiné à créer des ressources pour le financement.
Le devis concerne les fontaines du Layat (disparue dans les années 60 lors de la construction du HLM), de la Terre Sainte, du Mollaret, de la Chavanne, du pied de la Chaz (aujourd’hui disparue), du sommet de la Chaz, du Molliet et du Fontany. Seule la fontaine du centre du village n’est pas couverte ; c’est aussi la seule qui soit monumentale, sans usage de lavoir ou d’abreuvoir.
Les travaux ont été prévus avec beaucoup de soins, comme le prouve le cahier des charges qui est très précis. Il prévoit que les colonnes en châtaignier seront fixées à l’aide d’un poinçon en fer sur une pierre plate dépassant le sol de 12 cm. Le poinçon aura un diamètre de 2 cm sur une longueur de 12 cm dont 4 cm dans la pierre. Les matériaux de couverture seront des « bloziers » (lauzes ?) de la carrière de Mr Champiot (Montpezard). L’écartement des chevrons, la pente de la toiture sont également précisés. La surveillance des travaux se fera par le conseiller le plus rapproché de chaque bassin.
Grâce à cette opération groupée, tous les toits de nos fontaines se ressemblent, ce qui fait une partie de leur charme et concourt à l’unité du village. Il serait dommage d’en modifier l’aspect par des rénovations ne respectant pas le caractère originel.
En mars 1882, les membres de la commission municipale arrêtent le décompte des travaux pour un montant de 1 271,32 F, y compris les frais de plans, devis et expertises.
L’importance des sommes investies, pendant cette moitié du XIXe siècle pour l’alimentation en eau de la commune d’Arvillard est considérable, les municipalités n’ont pas lésiné sur les dépenses de modernisation.
Au début du XXe siècle sous le mandat de Mr Berchoux seront installés les fameux tampons.
Il faudra ensuite attendre les années d’après la première guerre mondiale pour que les investissements importants soient engagés dans l’adduction d’eau avec distribution individuelle.
Dans les années 1955-56, sous les mandats de MM Durand et Meyrieux, seront réalisés les égouts ainsi que l’adduction d’eau vers les habitations isolées.
Nos bassins font partie du patrimoine de notre village ; ils ont été assidûment fréquentés par nos prédécesseurs ; ils ont abreuvé leurs bêtes ; ils ont été des lieux d’échanges et ont entendu leurs lavandières se raconter les nouvelles, mieux que ne peut le faire le Journal des Pierrus.
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